Momies égyptiennes
Déjà vue par plus de 245 000 visiteurs, Momies égyptiennes offre – grâce à une approche innovante à la croisée des arts et de la science – un point de vue inédit sur le quotidien de six personnes ayant vécu le long du Nil entre 900 AEC et l’an 180 de notre ère. La prolongation de cette grande exposition qui devait se terminer le 29 mars dernier donne une seconde chance d'assister à ce rendez-vous incontournable pour toute la famille, et ce, jusqu'au 28 juin exceptionnellement!
À noter que l'exposition affiche complet jusqu'au 28 juin.
Six momies, six vies
Tamout
Tamout, femme d’âge moyen (35 à 49 ans), était chanteuse d’Amon. Sa momie révèle de nombreuses amulettes que les prêtres-embaumeurs ont placées sur sa peau après l’avoir enduite de produits cosmétiques. Servant à apprivoiser les puissances surnaturelles, ces talismans sculptés et modelés devaient protéger la défunte et lui conférer des pouvoirs spéciaux, quasi divins. Sur sa poitrine repose un « scarabée de cœur », amulette sur laquelle était gravé un sortilège qui empêchait les dieux de voir les méfaits cachés dans le cœur du mort lors du jugement de l’âme.
Nestaoudjat
L’exposition s’ouvre avec Nestaoudjat, une femme mariée originaire de Thèbes, dont le nom signifie « celle qui appartient à l’œil oudjat ». L’œil oudjat, ou œil d’Horus, représente un symbole d’intégrité. Nestaoudjat a vécu durant la dynastie koushite. À sa mort, vers l’an 700 avant notre ère, elle avait entre 35 et 49 ans. Son corps a été soigneusement préservé au moyen des techniques d’embaumement les plus sophistiquées de l’époque : séché dans le natron, il a été oint, selon les rites, d’huiles parfumées, puis rembourré. Enfin, il a été orné d’amulettes et enveloppé de lin, afin que la défunte soit protégée dans l’au-delà. Pendant ce processus, le corps a été remodelé en image divine possédant les qualités et les attributs d’Osiris. Cette incarnation parfaite était censée servir de point d’ancrage aux composantes spirituelles de la personne – le ba et le ka, entre autres –, ce qui lui permettrait d’exister dans l’au-delà et de circuler librement entre le royaume des vivants et celui des morts.
Irthorrou
Irthorrou était un stoliste, grand prêtre du temple d’Akhmim. Chargé de vêtir le dieu Min, il était également le maître des secrets. Sa momie témoigne des particularités d’une vie passée au service des dieux, ainsi que du pouvoir des prêtres de son rang. Diriger un temple était une tâche complexe. Les grands temples étaient comme de petites cités avec leur propre administration et une économie organisée, de la production de la nourriture à la tenue de livres, en passant par la gestion des équipements et l’élevage des animaux. Prêtres et prêtresses avaient droit aux mets les plus raffinés alors que le peuple subsistait essentiellement grâce aux plantes céréalières, pain et bière étant à la base de son alimentation. Les maladies et les blessures pouvaient être perçues comme une punition des dieux. Les prêtres de la déesse Sekhmet pratiquaient sans doute la médecine conventionnelle. Des papyrus nous éclairent sur les remèdes pharmaceutiques utilisés, notamment le nénuphar, employé pour soigner la douleur, le miel, pour ses vertus antiseptiques, et même l’opium.
Prêtresse
En compagnie d’une prêtresse anonyme, nous retournons au temple d’Amon, à Karnak. Il semble que cette femme ait été chanteuse – titre qui, à partir de la XXIIe dynastie, jouit d’un grand prestige. On imagine que sa tenue était composée d’habits somptueux et de parures précieuses, et qu’elle était maquillée et enduite d’huiles et de parfums. Pour souligner le contour de ses yeux et les faire paraître plus grands, notre chanteuse utilisait sans doute du khôl (fabriqué à partir de galène ou de vert malachite) : un fard aux propriétés antibactériennes qui repoussait, croyait-on, le mauvais œil. Elle ornait probablement son corps de simples parures en os ou de colliers multicolores extravagants. Les bijoux servaient aussi à chasser les esprits malins. Faisant partie de l’élite, les chanteurs et prêtres portaient une perruque dans certaines circonstances, comme des banquets ou des fêtes, et gardaient leurs cheveux très courts, voire rasés, car la pilosité corporelle était impure.
L’enfant d’Hawara
L’enfant d’Hawara vivait pendant la période romaine. Enveloppé de nombreuses couches de bandelettes, il avait été recouvert d’un masque en cartonnage joliment décoré, avec la poitrine et le visage dorés. Le soin avec lequel on l’a préparé pour la vie éternelle illustre une vénération nouvelle des enfants, rarement momifiés auparavant. Les profonds bouleversements sociaux qui secouent la vallée du Nil à l’époque en font un carrefour pour les traditions grecques, romaines et égyptiennes – un métissage qui se reflète surtout dans les pratiques funéraires. Vêtements, jouets en bois et tessons de poterie (ostraca) portant des inscriptions dévoilent leurs jeux et leur imaginaire.
Jeune homme de Thèbes
La pratique de la momification se poursuit pendant la dynastie des Ptolémées et la période romaine, alors que le métissage culturel toujours croissant ouvre la voie à de nouvelles techniques. Comme des centaines d’autres retrouvées dans l’oasis de Médinet el-Fayoum, la dernière momie est décorée d’un portrait. Son identité demeure inconnue, mais sur la plaque de bois, ce jeune homme de Thèbes aux grands yeux et aux épais cheveux bouclés est représenté vêtu d’une tunique blanche ornée d’une bande rose (le clavus) et d’une cape. Si les clavi étaient, à Rome, les insignes des différentes classes de citoyens, il s’agirait plutôt ici d’une allusion à la coutume romaine. Curieusement, les momies de cette époque portaient une étiquette, sans doute pour les identifier et éviter qu’on ne les confonde : la pratique de la momification connaissant une popularité grandissante, les embaumeurs avaient beaucoup de commandes à gérer…
Science et archéologie
Le British Museum possède 80 momies égyptiennes. Pour la plupart acquises au dix-neuvième siècle de collectionneurs européens, leur provenance exacte demeure largement inconnue. Suivant son code déontologique, le British Museum refuse toute intervention invasive sur ces momies, notamment de défaire leurs bandelettes. Or, depuis plus de dix ans, elles font l’objet de recherches menées selon les méthodes scientifiques les plus avancées qui permettent de préserver leur intégrité. Cette approche à la fine pointe de la technologie jette un nouvel éclairage sur différents aspects de la vie (et de la mort) de six personnes ayant vécu en Égypte entre 900 AEC et l’an 180 de notre ère. Leurs scans radiographiés fournissent des renseignements rarement accessibles au moyen de sources archéologiques traditionnelles.
L’excellent état de conservation des momies du British Museum renseigne les anthropologues et les archéologues sur des aspects importants touchant la biologie, la génétique, le régime alimentaire, les maladies, les rites funéraires et les techniques d’embaumement. Grâce au développement des appareils à rayons X durant les années 1970, le recours aux techniques invasives n’est plus nécessaire. Aujourd’hui, la tomodensitométrie (CT scan) et l’imagerie tridimensionnelle à haute résolution ont remplacé ces appareils. Le tomodensitomètre allie radiographie et ordinateur : un faisceau de rayons X est déplacé autour de la momie de manière à produire des milliers d’images transversales.
Grâce à l’anthropologie physique, à l’égyptologie, à la recherche scientifique et à la conservation, notre compréhension du passé permet de redonner vie à ces habitants de la vallée du Nil.
Bonifiez votre expérience
Audioguides
Des audioguides sont proposés aux adultes et aux enfants! Agrémentez votre parcours d’une plongée dans les mythes et coutumes de l’époque.
Vous pouvez accéder à l’audioguide seulement depuis l’application MBAM.
Atelier créatif
Pour préparer ou poursuivre votre visite, nous vous proposons un atelier créatif à faire en famille, en lien avec l'exposition.
Ils en parlent
On apprend des nouvelles choses sur leurs vies, sur l’époque. […] on voit ce que l’imagerie nous permet d’apprendre sans ouvrir, sans détruire les momies.
Jean François Bouthillette
Crédits et commissariat
L’exposition a été organisée par le British Museum, Londres, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Montréal. Le commissariat est assuré par Marie Vandenbeusch, conservatrice, et Daniel Antoine, conservateur de bioarchéologie, département de l’Égypte et du Soudan, British Museum. Laura Vigo, conservatrice de l’archéologie et de l’art asiatique, MBAM, est commissaire de la présentation montréalaise, dont la scénographie est réalisée par Sandra Gagné, chef de la Production des expositions, MBAM, en collaboration avec Principal Studio et Graphics eMotion.
L’exposition est présentée par Raymond James en collaboration avec Hydro-Québec, Tourisme Montréal et Ubisoft. Le Musée reconnaît l’apport essentiel d’Air Canada, de Denalt, du Cercle des Anges du MBAM et de ses partenaires médias : Bell, La Presse+ et Montreal Gazette. L’exposition a également reçu le soutien du ministère du Patrimoine canadien par le biais du Programme d’indemnisation pour les expositions itinérantes au Canada.