Parcours du Jardin de sculptures
Durée: 30 minutes
Jardin de sculptures, avenue du Musée
Voici un parcours numérique conçu pour agrémenter votre visite du Jardin de sculptures. En solo ou en famille, découvrez quelques-unes des œuvres contemporaines exposées autour du MBAM, sur la rue Sherbrooke et l’avenue du Musée. Prenez le temps d’observer librement – et sous tous leurs angles – les six sculptures sélectionnées, tout en vous amusant à tenter de répondre aux questions préparées pour vous. Nous vous invitons à suivre la séquence proposée pour vous déplacer de façon fluide. Un court texte explicatif vous permettra d’en savoir plus sur les œuvres et les artistes qui les ont créées.
Bonne découverte!
Le parcours numérique a été conçu grâce à la précieuse collaboration des guides bénévoles du MBAM.
(né en 1950)
Composé de cubes d’acier, le personnage représenté dans cette sculpture emblématique d’Antony Gormley est bien campé sur ses deux jambes, planté au sol comme un chêne et le regard au ciel. Sa posture – bras le long du corps et genoux fléchis - nous rappelle celle des kouros grecs, une statue de jeune homme debout. L’artiste y voit l’essence de l' homme universel. Ici, il a travaillé à partir d’un moulage de son propre corps, une pratique assez courante chez lui.
La sculpture au corps pixélisé a un double rôle. Lorsque nous la regardons, elle nous renvoie notre reflet : elle est en quelque sorte le miroir de notre identité et l’incarnation de notre rapport avec les autres. Par cette métaphore, Gormley nous invite à nous interroger sur la relation entre le public et le privé, entre ce que l’on montre ouvertement et ce que l’on garde pour soi.
Né à Londres, Antony Gormley a étudié l’anthropologie, l’histoire de l’art et l’archéologie. Deux sujets sont au cœur de ses explorations : le corps et l’espace. Dans son travail, il se penche tant sur l’évolution scientifique et technologique que sur les aspects mystiques de l’être humain. De façon plus générale, il s’attache à observer les multiples facettes de notre condition.
Building VI, par sa composition et sa posture, nous amène à imaginer, à ressentir et à nous questionner à notre tour. Se pourrait-il que l’œuvre évoque l’émotion que nous éprouvons en regardant vers le futur?
(1930-1993)
Réalisés en 1981, ces bustes en bronze font partie d’une série de six œuvres dédiées à toutes les personnes persécutées pour leurs croyances religieuses ou leurs allégeances politiques. L’ensemble a été conçu dans une volonté de célébrer la résilience de l’être humain, sa capacité à surmonter les épreuves et à transcender la violence et l’injustice. Ici, les traits austères des personnages sont accentués par des traces d’outils que l’artiste a laissées volontairement sur la surface sculptée. Le regard est triste et pensif, mais les lèvres, minces et scellées, traduisent la force tranquille de la détermination et de la résistance.
Tout comme le sculpteur Alberto Giacometti, Frink délaisse la pierre et l’argile au début des années 1950 pour adopter une technique novatrice. Elle fabrique d’abord une armature avec des tiges métalliques, puis remplit le squelette de divers débris avant de l’enduire de plâtre frais, matériau économique et facile à manipuler. Une fois sèche, la forme brute est sculptée avec une hache, un ciseau ou une râpe. L’artiste peut ainsi s’exprimer rapidement et librement. Ses œuvres sont généralement coulées en bronze d’après le modèle original.
Élevée en Angleterre pendant la Deuxième Guerre mondiale, Elisabeth Frink est marquée par la brutalité du grand conflit et par l’instabilité des années subséquentes. Toute son œuvre est consacrée à une réflexion sur le thème de la condition humaine.
(1942-2019)
Joe Fafard est un artiste canadien originaire de la Saskatchewan. On le connaît surtout pour ses bronzes réalistes d’animaux : vaches, chevaux, loups et bisons sont représentés en taille réelle, voire plus grande que nature, et exposés la plupart du temps dans des lieux publics. Avec ses détails quasi authentiques, Claudia offre un bel exemple des figures animalières du sculpteur. Pourtant, même si sa forme, sa posture, ses proportions et son anatomie correspondent à celles d’une vraie vache, celle-ci a un je-ne-sais-quoi de plus… C’est que l’artiste, fidèle à son habitude, a insufflé de la vie à son modèle, l’a doté d’une personnalité. Avec son air digne, décidé et confiant, Claudia semble consciente du moment présent. Son intériorité apparente est tout à fait caractéristique des animaux de Fafard – des présences presque vivantes.
Les artistes ont souvent recours à la distorsion et à d’autres techniques pour avancer leur quête esthétique ou mettre en valeur leurs sujets de prédilection, ou encore pour explorer diverses questions psychologiques, sociales ou politiques. La grande place de la sculpture animalière réaliste dans l’œuvre de Fafard en a conduit plus d’un à s’interroger sur les influences de l’artiste et sur la signification particulière qu’il accordait aux animaux. En réponse, il affirmait de cette pratique qu’elle était simplement pour lui « un bon moyen de gagner sa vie ». On ne saura peut-être jamais si les animaux avaient à ses yeux un sens plus profond. Mais l’élan créatif est une constante en art, une force qui trouve ses propres moyens de s’exprimer, sans qu’il soit toujours possible de la rattacher à une fin ou à une motivation précise. Il n’y a rien de mal, de temps en temps, à appeler une vache une vache.
(née en 1963)
Cette sculpture contemporaine de l’artiste canadienne Colleen Wolstenholme représente une colonne composée de six formes géométriques simples – celles qui constituent le chapiteau et le pied sont tronquées. Pour la créer, Wolstenholme s’est inspirée de l’aspect d’une pilule en particulier et du style de la Colonne sans fin (1918) du sculpteur roumain Constantin Brancusi (1876-1957). Le résultat final, une sorte de totem de bronze élevé et géométrique, illustre un travers important de notre société.
Les éléments constitutifs de la Colonne de BuSpar évoquent de gigantesques comprimés de buspirone (ou BuSpar, comme l’indique l’inscription sur chaque pilule), un antidépresseur prescrit pour traiter le trouble anxieux généralisé. Par sa hauteur impressionnante, l’œuvre rappelle l’ampleur du problème de la dépendance aux médicaments d’ordonnance. L’artiste nous invite ici à nous interroger sur l’impact de notre surconsommation et à nous demander si certains produits pharmaceutiques ne seraient pas accessibles trop facilement sur le marché. Elle attire en outre notre attention sur le fait que la buspirone est plus souvent prescrite aux femmes, ce qui, selon elle, pourrait traduire une volonté de les engourdir.
Aux yeux de Wolstenholme, la popularité et la consommation croissantes des antidépresseurs témoignent davantage de maux de société que de troubles individuels.
Originaire de Nouvelle-Écosse, Colleen Wolstenholme est surtout connue pour ses sculptures de médicaments surdimensionnés qu’elle réalise en s’appuyant sur diverses techniques et esthétiques. Son travail engagé est porté par le souci d’une réflexion profonde sur la condition féminine actuelle.
(1941-2009)
Depuis longtemps déjà, la figure humaine est au centre de la tradition sculpturale. Barry Flanagan s’en écarte en mettant en scène des animaux auxquels il prête des expressions et des sentiments humains. Ici, il a réalisé deux sculptures qui représentent chacune un duo : un lièvre qui danse sur la tête d’un éléphant qui, lui, se tient sur une cloche. Motif récurrent dans l’œuvre de l’artiste, le lièvre symbolise à ses yeux la liberté.
En observant chaque paire, on note une différence dans le traitement des surfaces : les lièvres, qui évoquent la rapidité et le mouvement, ont une texture lisse, tandis que les pachydermes, tout en lenteur, ont une texture plus rugueuse, faite de lignes hachurées en tous sens. On constate aussi une distinction sur le plan du genre... d’où le titre de l’œuvre, Gendrd, une forme contractée de l’anglais « gendered » (qui signifie « être déterminé ou limité par l’identité sexuelle »). À nous d’essayer d’y trouver un sens.
En outre, la numérotation des titres rappelle l’esprit de l’art moderne qui, par la référence à la production en série, remet en question le caractère unique et rare de l’œuvre. Nous sommes néanmoins en présence de sculptures de bronze qui, bien que reproduites plusieurs fois, conservent leur identité propre.
Flanagan a bousculé les conventions en sculpture. Il nous propose ici un voyage dans un monde invraisemblable où se juxtaposent avec humour des animaux on ne peut plus différents.
(né en 1974)
Cette œuvre est caractéristique du travail de David Altmejd, l’un des artistes québécois les plus en vue sur la scène internationale. Le sculpteur, dont les influences vont de Louise Bourgeois et David Lynch à Francisco de Goya, estime que l’art contemporain est accessible à tout le monde et peut être apprécié sans longues explications.
On observe ici une figure ailée debout. Son torse est percé d’un grand trou d’où jaillissent des mains, et sa tête est formée de moulages des mains de l’artiste. Un bras a l’allure d’une prothèse.
Mais quels secrets cache le mystérieux personnage?
Une partie de la réponse réside sans doute dans la symbolique puissante de l’œuvre. Par les mains qui semblent à la fois composer et façonner le corps, Altmejd a voulu évoquer l’humain en transformation, dont la forme lui échappe. En effet, il chérit le thème de la métamorphose, d’où sa fascination pour les êtres fantastiques. Le trou béant, lui, se veut un espace intérieur et infini qui représente la porte d’entrée vers l’art, la culture et la connaissance. Éminemment positif, il laisse passer la lumière, l’air et la vie. Enfin, pour ce qui est de la monumentalité de la sculpture, l’artiste révèle que le travail à grande échelle lui permet d’exister intensément et de faire contrepoids à sa timidité. Les ailes ont été ajoutées pour apporter une touche de légèreté à l’ensemble.
Par son contrapposto et ses multiples éléments contemporains, L’œil fait le pont entre diverses époques, de l’Antiquité à la Renaissance – on pense à la Victoire de Samothrace ou au David de Michel-Ange – jusqu’à aujourd’hui. Bienveillant et protecteur, il regarde le Musée et veille sur ses œuvres et ses visiteurs.
D’Antony Gormley à David Altmejd, notre sélection d’œuvres vous aura fait plonger dans six univers distincts : autant d’invitations à la contemplation, à l’imaginaire et à la réflexion.
Pour clore le parcours, voici quelques questions supplémentaires qui vous permettront de poursuivre la discussion :
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