Cette œuvre est caractéristique du travail de David Altmejd, l’un des artistes québécois les plus en vue sur la scène internationale. Le sculpteur, dont les influences vont de Louise Bourgeois et David Lynch à Francisco de Goya, estime que l’art contemporain est accessible à tout le monde et peut être apprécié sans longues explications.
On observe ici une figure ailée debout. Son torse est percé d’un grand trou d’où jaillissent des mains, et sa tête est formée de moulages des mains de l’artiste. Un bras a l’allure d’une prothèse.
Mais quels secrets cache le mystérieux personnage?
Une partie de la réponse réside sans doute dans la symbolique puissante de l’œuvre. Par les mains qui semblent à la fois composer et façonner le corps, Altmejd a voulu évoquer l’humain en transformation, dont la forme lui échappe. En effet, il chérit le thème de la métamorphose, d’où sa fascination pour les êtres fantastiques. Le trou béant, lui, se veut un espace intérieur et infini qui représente la porte d’entrée vers l’art, la culture et la connaissance. Éminemment positif, il laisse passer la lumière, l’air et la vie. Enfin, pour ce qui est de la monumentalité de la sculpture, l’artiste révèle que le travail à grande échelle lui permet d’exister intensément et de faire contrepoids à sa timidité. Les ailes ont été ajoutées pour apporter une touche de légèreté à l’ensemble.
Par son contrapposto et ses multiples éléments contemporains, L’œil fait le pont entre diverses époques, de l’Antiquité à la Renaissance – on pense à la Victoire de Samothrace ou au David de Michel-Ange – jusqu’à aujourd’hui. Bienveillant et protecteur, il regarde le Musée et veille sur ses œuvres et ses visiteurs.