Découvrez la nouvelle installation estivale sur l’avenue du Musée!
Vue de l’installation Inflorescence sur l’avenue du Musée (été 2023), conçue par le Collectif Escargo et réalisée en collaboration avec l’équipe de MU. Photo Olivier Bousquet (MU)
Depuis 2013, l’avenue du Musée se transforme chaque été en aire piétonne et le MBAM invite des créatrices et des créateurs d’ici à y présenter une installation. Cette année, vous y découvrirez une œuvre du Collectif Escargo, réalisée en collaboration avec MU, qui rend hommage à la biodiversité de la région ainsi qu’aux plantes et aux insectes qui contribuent tous les jours à son épanouissement.
Inspirée de l’exposition L’univers au creux des mains : pensées et splendeurs de la Colombie autochtone, présentée au MBAM jusqu’au 1er octobre 2023, Inflorescence nous invite à imaginer les liens entre tous les êtres vivants et à contempler la beauté et la biodiversité du monde naturel. En nous promenant sur cette immense fresque, nous nous retrouvons à l’échelle des insectes qui butinent les fleurs du Québec.
Pour en savoir plus sur la réalisation de ce projet et sur ses conceptrices et concepteurs, nous nous sommes entretenus avec Julie Parenteau, cofondatrice du Collectif Escargo.
Parlez-nous du Collectif Escargo. Comment a-t-il été fondé, qui sont ses membres, quels sont ses principes de fonctionnement, son expertise, sa mission?
Collectif Escargo existe depuis 2015. Il a été fondé par Karyna St-Pierre, Céleste Diehl et moi-même : des amies en provenance de différents domaines de création qui avaient envie de faire des projets ensemble. Maintenant, nous sommes un noyau de cinq personnes avec Sandra Ciro et Léo Lacasse, qui se sont joints à l’équipe en 2021 et en 2022. Nous collaborons avec d’autres personnes selon la nature des projets. Nous sommes un peu des touche-à-tout : notre pratique est au croisement de l’architecture de paysage, du design urbain et des arts visuels. Le point central qui relie tout ce que nous faisons, c’est le paysage. Que ce soit dans une installation artistique ou dans un projet de design, ce lien est toujours présent. Je parle du paysage au sens large, de la nature à toutes ses échelles. Ça peut aller du cosmique au microscopique. Nous aimons créer des espaces et des expériences où les gens se sentent bien et sont amenés à se rapprocher du vivant.
Qu’est-ce qui a incité le collectif à proposer un projet pour l’avenue du Musée cette année?
Nous aimons beaucoup le MBAM et ses installations artistiques sur l’avenue du Musée qui reviennent chaque année. C’est une occasion d’amener l’art dans la rue, de transformer un lieu et de jouir de nos espaces publics collectivement. Chaque année, nous avons hâte de découvrir la nouvelle installation, c’est comme un signe de l’arrivée de l’été à Montréal. Ça réunit aussi tout ce que nous aimons faire : c’est une composante artistique qui s’approche un peu du design urbain et, en plus, le thème de cette année rejoignait la nature et le paysage. Pour toutes ces raisons, il n’y a eu aucune hésitation de notre part, nous étions très enthousiastes d’y participer.
Parlez-nous d’Inflorescence… Quels sont les thèmes que vous y explorez? Quelles ont été vos sources d’inspiration?
Nous souhaitions parler du lien à la biodiversité d’ici, provoquer une rencontre dans une autre perspective, qui soit de l’ordre de l’intime. Les végétaux ne sont pas accessoires. La nature n’est pas un décor. Dans cette optique, nous voulions amener les gens à découvrir les espèces avec lesquelles nous cohabitons, souvent sans nous en apercevoir.
Les plantes représentées sont indigènes. Elles sont plus résistantes aux maladies, mieux adaptées que les espèces ornementales, mais moins connues que ces dernières. Les insectes sont quant à eux des pollinisateurs, des acteurs essentiels au bon fonctionnement de la nature. Ils assurent le bien-être de tous les êtres vivants, y compris les humains.
Parce que les éléments de la fresque sont surdimensionnés, ce qui passe habituellement inaperçu devient incontournable, comme des portraits de végétaux et d’insectes plus grands que nature.
Visuellement, la fresque ressemble à un bouquet. On offre des fleurs à ses proches parce qu’on les aime, pour leur apporter du soutien, communiquer une émotion. Il y a une dimension d’intimité et d’empathie associée à ça. C’est le regard que nous cherchions à susciter à l’endroit des végétaux.
La palette de couleurs est une interprétation du coloris véritable des fleurs et des insectes. Nous voulions que le public puisse les reconnaître facilement et, en même temps, faire en sorte que l’image fonctionne sur le plan pictural.
Quels sont les liens entre cette installation et l’exposition L’univers au creux des mains : pensées et splendeurs de la Colombie autochtone?
L’univers au creux des mains présente avec une grande sensibilité l’interrelation de tout ce qui est vivant. Les êtres humains ne sont pas dissociés de la nature, ils en font partie. Il y a beaucoup de bienveillance qui se dégage de cette exposition. On y ressent l’importance de prendre soin de la Terre et de tous ses habitants, qu’ils soient humains, animaux ou végétaux.
Dans la fresque, nous avons voulu donner la place à des espèces qui habitent nos paysages, qui contribuent à l’équilibre de nos écosystèmes et au bien-être de la planète.
L’idée de « famille élargie », qui transparaît dans L’univers au creux des mains, nous a aussi servi d’inspiration. L’humain n’est pas au sommet de la pyramide avec le reste du monde à son service. Tout est interrelié et précieux.
Vue de l’installation Inflorescence sur l’avenue du Musée (été 2023), conçue par le Collectif Escargo et réalisée en collaboration avec l’équipe de MU. Photo Olivier Bousquet (MU)
Diriez-vous de cette installation qu’elle est représentative des projets que vous réalisez en général, ou démontre-t-elle plutôt une originalité particulière?
Elle reprend un de nos thèmes de prédilection qui est la mise en valeur de la biodiversité. Je disais tout à l’heure que nous sommes toujours en train de parler du paysage, mais de différentes manières. Le fait de promouvoir et de faire connaître la végétation fait partie de cette démarche.
Le projet a une dimension particulière parce qu’il propose des contenus scientifiques liés aux éléments de la fresque. On peut y accéder avec son téléphone intelligent, en scannant un code QR présent sur certains éléments de l’installation.
Un autre élément distinctif, c’est qu’on y retrouve du bois récupéré – une autre forme d’ancrage et de lien avec le territoire. La plupart de nos projets comportent de la végétation. En général, nous l’utilisons à la fois comme une composante essentielle et un matériau. Dans ce cas-ci, c’est le bois qui évoque cette « présence organique ».
Parlez-nous des défis rencontrés dans la conception du projet et dans sa réalisation.
Le premier défi à relever : parler de biodiversité et de la flore locale, mais sans pouvoir utiliser de vraies plantes. Comme il n’était pas possible d’avoir de la végétation dans l’installation, nous avons décidé de travailler à l’échelle des fleurs et des insectes – d’offrir une autre sorte d’expérience autour des végétaux.
Vue de l’installation Inflorescence sur l’avenue du Musée (été 2023), conçue par le Collectif Escargo et réalisée en collaboration avec l’équipe de MU. Photo Olivier Bousquet (MU)
L’approvisionnement en bois pour le mobilier présentait un autre élément de difficulté. Nous voulions utiliser du bois récupéré après la tempête de verglas d’avril 2023. Ça nous semblait cohérent avec le propos, parce que c’était une façon de parler du climat d’ici, de notre nordicité, en même temps que des dérèglements climatiques et de la puissance des éléments. Une tempête de verglas de quelques heures a paralysé la région pendant au moins trois jours. Nous avons dû chercher dans les parcs, faire appel aux arrondissements et à notre réseau afin de trouver des branches suffisamment grandes et solides pour servir d’assises. Il fallait aussi trouver des solutions pour que le mobilier demeure stable, même si le bois n’était pas sec. Souvent, ce sont les contraintes qui nous poussent à nous creuser la tête et à aller plus loin dans nos projets.
Inflorescence
Jusqu’au 22 octobre 2023
Avenue du Musée
Crédits et remerciements
Inflorescence a été conçue par le Collectif Escargo à la demande du Musée des beaux-arts de Montréal et réalisée en collaboration avec MU, grâce au précieux soutien de la Ville de Montréal, de l’arrondissement de Ville-Marie et de Peinture Denalt.