La Ruche d’art : six ans de créativité et d’engagement communautaire au service du bien-être
La Ruche d’art au Musée des beaux-arts de Montréal. Photo © Mikaël Theimer
En 2017, le MBAM inaugurait sa Ruche d’art, créée en collaboration avec le département de thérapie par les arts de l’Université Concordia. Depuis, Stephen Legari a pour mandat de concevoir, de mettre en œuvre et d’animer les activités qui y sont proposées, de concert avec l’équipe d’art-thérapie et de médiation du Musée. Il nous explique ici les principes à la base de ce projet et nous raconte l’évolution de la programmation offerte au cours des six dernières années.
C’est une de mes plus grandes sources de joie.
– Canan, participante de longue date
Au niveau S1 du pavillon Jean-Noël Desmarais se cache un espace unique en son genre. Il suffit de chercher un peu pour le trouver. À quelques pas des ascenseurs et de la mosaïque de peluches de l’artiste Claude Cormier, une porte ornée d’alvéoles jaunes s’ouvre sur un espace invitant. À l’intérieur, un bourdonnement de conversations, de rires et de musique indique qu’il s’agit d’un lieu d’échanges et de créativité. On y trouve de grandes tables chargées de matériaux autour desquelles s’affaire une communauté d’artistes. Mais ce n’est pas un atelier ordinaire ni un simple cours d’art… C’est la Ruche d’art du Musée!
La Ruche d’art est un lieu sécurisant où je me sens libre d’essayer de nouvelles choses et de m’exprimer à travers différentes techniques. J’adore l’atmosphère de curiosité qui y règne parce qu’elle nous encourage à nous voir comme des artistes, peu importe notre niveau d’expérience. J’en ressors toujours plus joyeuse, alors j’y vais aussi souvent que possible.
– Julia, participante
La fondatrice de la Ruche d’art, Janis Timm-Bottos, a consacré plus de vingt ans de recherche à ce projet. L’ouverture de cet atelier communautaire a été une première non seulement pour le MBAM, mais aussi dans le milieu muséal international. Depuis, d’autres musées ont emboîté le pas et créé leur propre ruche inspirée du modèle du MBAM. Mais qu’est-ce qu’une ruche d’art au juste?
J’ai toujours considéré la Ruche comme une espèce de refuge artistique. J’y ai ri souvent, parfois pleuré aussi… On y voit des créations fantastiques remplies de sensibilité. Les personnes qui viennent à la Ruche sont belles, fortes, vulnérables, mais avant tout courageuses.
– Mathieu, médiateur muséal
Photo © Mikaël Theimer
Qu’est-ce qu’une ruche d’art?
Une ruche d’art est un atelier communautaire ouvert à tout le monde. Les participantes et participants y sont considérés comme des artistes à part entière : ils sont encouragés à choisir leurs propres moyens d’expression et la façon dont ils souhaitent interagir avec les autres personnes présentes. Ils ont accès à des matériaux très variés, de la peinture au pastel en passant par l’argile. Soulignons toutefois que le recyclage et la réutilisation priment à la Ruche d’art du MBAM. Cette abondance de ressources et d’idées apporte une énergie créative et stimule les échanges, donnant lieu à la création d’œuvres extraordinaires de toutes sortes chaque semaine.
[Les ruches d’art sont des] tiers espaces [qui] créent de multiples occasions de dialogue, de partage de savoir-faire et de création artistique, entre des gens de divers horizons socioéconomiques, âges, cultures et capacités.
– lesruchesdart.org
Photo © Mikaël Theimer
On peut toujours s’attendre à y trouver un groupe bigarré : par exemple, des amis qui explorent ensemble le façonnage côtoient une jeune famille absorbée dans un projet de peinture, tandis que, plus loin, une artiste se concentre sur un ouvrage de broderie les écouteurs aux oreilles. Chaque surface fourmille de créativité, pendant que l’équipe de médiation et d’art-thérapie veille au bon déroulement des activités. L’expertise et le soutien de ces spécialistes procurent aux participantes et aux participants le sentiment de confiance dont ils ont besoin pour laisser libre cours à leur créativité et accroître leur bien-être. Mais la Ruche d’art apporte aussi beaucoup à celles et ceux qui y travaillent :
Les rôles changent constamment. La personne qui apprend devient celle qui enseigne, celle qui crée devient celle qui aide à créer, celle qui parle et raconte devient celle qui écoute. Nous apprenons à entrer dans cette danse le cœur ouvert. Mon travail à la Ruche d’art me rappelle aussi l’importance de prendre soin de moi. Nous devons nous nourrir de créativité, pas seulement en tant que témoins [de l’art des autres], mais comme participantes et participants actifs. J’apprends à être authentique et vulnérable dans cet espace, et j’y découvre que la personne que je suis est la bienvenue et que ma contribution compte.
– Yan Yee, art-thérapeute
Photo © Mikaël Theimer
L’inclusion sociale par les arts est une des valeurs fondamentales du MBAM. Impossible d’en douter lorsqu’on voit ses Membres et ses différents publics se côtoyer dans ses salles d’exposition et autres espaces jour après jour. Profitant de l’attrait qu’exerce le Musée, la Ruche accueille des participantes et participants qui y viennent toutes les semaines, mais aussi des personnes curieuses qui veulent en faire l’expérience lors d’un séjour à Montréal. Il y règne un esprit de communauté, que les gens présents soient de passage ou de fidèles habitués.
S’adapter à une nouvelle réalité
Pendant la pandémie, la Ruche d’art a dû fermer ses portes temporairement en raison des restrictions touchant les rassemblements. Le coup a été dur pour notre public, qui compte sur cette activité hebdomadaire pour s’inspirer, se motiver et socialiser. Toutefois, ce revers a été l’occasion d’innover, et c’est ainsi que la Ruche d’art en ligne a fait son apparition. Cette formule virtuelle permet d’accéder à des milliers de reproductions numériques d’œuvres tirées de la collection du MBAM. Chaque lundi après-midi, elle invite des participantes et participants d’ici et d’ailleurs à tisser des liens en pratiquant leur art à domicile, notamment à travers les œuvres du Musée.
La Ruche d’or
La Ruche d’or est inspirée d’un programme très populaire depuis longtemps auprès des membres de l’âge d’or : les Beaux jeudis. Dans ce cas-ci, on présente aux participantes et aux participants une sélection d’œuvres tirées de la collection du MBAM pour stimuler leur créativité. Une médiatrice ou un médiateur anime ensuite une activité créative dans le cadre de ce qu’on appelle parfois un « échange de savoir-faire ». Chaque personne explore à sa guise et interprète à sa façon cette invitation à la créativité. Tout comme la Ruche d’art du Musée et la Ruche d’art en ligne, la Ruche d’or compte sur l’expertise d’un duo spécialisé en art-thérapie et en médiation pour appuyer, encourager et célébrer cette communauté d’artistes.
Photo © Mikaël Theimer
Les témoignages du public ne laissent aucun doute : l’esprit de communauté est un aspect central de la Ruche d’art. Soutenus dans l’exploration de leur créativité, les participantes et participants y tissent des liens parfois intergénérationnels avec leurs pairs. L’art joue un rôle important dans ces échanges, car il éveille la curiosité et favorise la transmission des savoirs. Et si les fidèles adeptes de la Ruche y occupent une place de choix, les nouveaux visages y sont toujours les bienvenus. En fait, nous avons souvent la visite de Membres du MBAM qui peuvent se familiariser avec l’espace dans le cadre des journées Découverte – un des nombreux avantages de faire partie de la communauté du Musée.
La Ruche d’art est une communauté ouverte à tout le monde. Elle m’aide à vaincre la solitude. La thérapie traditionnelle m’amenait à me concentrer sur mes problèmes – l’art-thérapie me permet plutôt de m’en libérer.
– Caitie, participante de longue date
Photo © Mikaël Theimer
Programmation
Ruche d’art
Mercredi : 15 h à 17 h | 18 h à 20 h
Vendredi au dimanche : 13 h 30 à 15 h 30
Ruche d’or
Jeudi : 13 h 30 à 15 h 30
Ruche d’art en ligne
Un lundi par mois* : 13 h 30 à 15 h 30
*Le 23 octobre, le 20 novembre et le 18 décembre 2023, ainsi que le 22 janvier, le 19 février, le 18 mars, le 22 avril, le 27 mai, le 17 juin, le 22 juillet, le 19 août et le 23 septembre 2024.
Le Musée des beaux-arts de Montréal remercie chaleureusement la Fondation de la Chenelière pour son soutien financier aux activités éducatives et culturelles, et tient à souligner l’appui apporté par Canada Vie à la Ruche d’art.
Photo © Mikaël Theimer