PRISME

Le présent projet s’est intéressé à une formation continue proposée à des enseignants de sciences au secondaire dans un musée de société québécois. Nous avons suivi ce groupe d’enseignants tout au long du processus d’immersion dans les activités du musée, pour décrire et tenter de comprendre la manière dont cette expérience a transformé leur pratique d’enseignement, ainsi que leur relation au musée. Une recherche qualitative-interprétative privilégiant une approche inductive a été mise de l’avant par une étude de cas sous l’angle de la théorie sociale de l’apprentissage Wenger. L’apprentissage y est décrit comme un système à quatre dimensions étroitement liées et se déterminant mutuellement. Les résultats obtenus rendent compte de ces quatre dimensions : la signification, l’engagement dans la pratique, l’appartenance à une communauté et les changements sur le plan de l’identité et expliquent comment la participation aux activités collectives transforme les individus.

Que fait le numérique à la médiation culturelle, ou plus particulièrement à la médiation muséale ? Nous présentons les assises conceptuelles de PRISME, laboratoire créé par le Musée des beaux-arts de Montréal se posant en catalyseur des collaborations au sein du réseau muséal québécois, afin d’explorer d’une façon concertée le potentiel du numérique et de développer des connaissances quant à ses effets sur les publics rejoints. Alors que la médiation « suppose l’idée d’une distance à réduire et d’un terrain de rencontre » entre le musée et ses récepteurs (Montpetit, 2011, p. 222), il y a certes un danger que le concept de médiation muséale numérique ne désigne que la panoplie des outils mobilisés par les publics et les professionnels des musées, focalisant davantage sur cet équipement que sur la situation de communication concernée (Fraysse, 2019).
Aussi, nous proposons d’envisager la médiation muséale numérique comme toute action menée par un ou des professionnels d’une institution muséale, pour développer la relation de divers publics avec la collection, la thématique d’interprétation, une exposition réelle ou virtuelle, ou toute autre proposition de l’institution à des fins diverses au moyen du numérique, grâce aux capacités d’encodage informatique, et des réseaux, équipements et applications logicielles. Cette médiation peut se déployer : 1) selon différentes temporalités, à titre d’exemple, avant, pendant ou après la visite d’une institution, ou encore indépendamment de toute visite du lieu physique ; et 2) selon diverses configurations spatiales, sur place, dans l’expo ou ailleurs dans l’institution, et/ou à distance de l’institution. De plus, les valeurs d’échange, de collaboration, de coconstruction et de partage d’expertises activées dans un monde numérique, de plus en plus connecté, peuvent ainsi entrainer une redéfinition des rapports entre les institutions muséales et leurs publics, si ces dernières ont « la volonté de passer d’une logique “vitrine” à une logique “relationnelle” et cocréative » (Cambone, 2019, p. 11).
Afin de susciter le partage des expertises et des connaissances, PRISME a lancé un appel à projets en médiation muséale numérique. Sont présentées dans cet article quatre initiatives de design d’expériences numériques cocréées des professionnels de musées, des créateurs technologiques et des chercheurs universitaires, avec le concours de visiteurs-utilisateurs. Ces initiatives émanent d’institutions de taille variable disséminées sur le territoire québécois et relèvent de domaines disciplinaires différents, certaines se présentant comme des musées avec collection et d’autres, comme des centres d’interprétation. Un trait commun les unit : imaginer, concevoir et explorer le potentiel de différents dispositifs pour renouveler les expériences proposées aux visiteurs ou aux usagers, dans différents contextes, sur place et à distance.

L’article illustre le cas exemplaire d’une application mobile développée avec et pour les publics dits de la diversité culturelle qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les musées d’art. Il présente d’abord PRISME, le laboratoire d’innovation en médiation numérique du Musée des beaux-arts de Montréal, en expliquant ce qu’il entend par médiation muséale numérique et l’importance qu’il accorde à la relation pouvant s’établir entre les publics et l’institution culturelle. Ensuite, il est question d’illustrer la démarche de conception collaborative inspirée du design thinking, qui implique la participation des membres des publics cibles, pour la cocréation d’expériences et de dispositifs numériques. Finalement, il propose l’exemple de la conception collaborative d’un dispositif de médiation pour les salles des Arts du Tout-Monde du Musée des beaux-arts de Montréal, dans le but de promouvoir l’inclusion et le vivre-ensemble.

Cet article s’intéresse aux modalités de médiation interpersonnelle et numérique mises en œuvre au sein d’un musée de beaux-arts à l’intention du public adolescent. Une étude réalisée au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a permis de rendre compte de l’expérience muséale d’adolescents (n=35) ayant participé à une visite guidée par une médiatrice et une visite assistée par un parcours-jeu sur tablette numérique. À partir d’un modèle de la situation pédagogique et du concept d’engagement (comportemental, cognitif et émotionnel), les deux contextes de visites sont observés puis comparés. Les résultats sont ensuite présentés selon les deux modalités de médiation. Les données quantitatives permettent d’estimer la superficie visitée, le nombre d’œuvres vues et le temps d’observation, tandis que les données qualitatives montrent la perception et l’appréciation de ces deux expériences de visite par les participants. Comme les mêmes adolescents ont expérimenté les deux modalités de médiation, une approche comparative nous permet de rendre compte des différentes formes de leur engagement et de leurs préférences de visite.

Cet article traite du rôle du design thinking dans le cadre de processus collaboratifs d’innovation dans des institutions muséales, à travers les activités du laboratoire d’innovation numérique PRISME. L’article présente notamment les moyens par lesquels les activités et les outils de design thinking, adoptés dans un laboratoire vivant, facilitent les processus d’appropriation des pratiques et postures d’expérimentation, indispensable à l’innovation en contexte de rapide transformation, chez les employés d’institutions muséales. En s’appuyant sur des observations et témoignages, cet article illustre l’apport des pratiques d’immersion, de co-création avec des partenaires et de prototypage, et donc d’apprentissage par la pratique, dans le renforcement de compétences des employés favorables à la conduite de nouveaux projets avec de nouvelles technologies.

L’examen des pratiques participatives et des projets d'inclusion nécessite une réflexion sur le musée en tant qu’espace politique et une remise en question des relations de pouvoir qu’il nourrit. Une revue de la littérature sur l’idée du sentiment d’appartenance dans un large éventail de champs disciplinaires a permis de prendre conscience des différentes dimensions de ce concept et de son intégration dans le discours politique. Plus précisément, dans cet article, nous problématisons le sentiment d’appartenance dans le contexte des musées d’art, où le concept se traduit souvent par une attitude bienveillante de l’institution à l’égard des groupes racialisés ayant subi de la discrimination, qui n’ont pas l’habitude de fréquenter les musées. Lorsque ces personnes sont invitées à collaborer avec l’institution muséale, le processus de cocréation se déroule généralement selon les codes établis par l’institution. Cette tendance à adopter une posture charitable envers l’Autre, en évitant toute forme de tension, est ce que nous appelons « le musée irénique » (du grec εἰρήνη [eirếnê], qui signifie « paix »). En se concentrant sur ce qui unit plutôt que sur ce qui divise, l’approche irénique évite les conflits afin de favoriser la coexistence des uns et des autres. À travers l’étude du processus de cocréation d’un dispositif de médiation numérique destiné aux visiteurs des salles des Arts du Tout-Monde du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), nous proposons un regard critique sur la démarche de design thinking centrée sur l’humain conçue par PRISME, le laboratoire d’innovation en médiation numérique du MBAM. Peut-on dépasser les limites du musée irénique et favoriser une relation équitable entre les acteurs ?