Au fil d’une carrière s’échelonnant sur cinq décennies, l’artiste indienne Nalini Malani a créé un langage visuel unique qui remet en question les notions réifiées d’hégémonie culturelle, d’autonomie nationale, de corps et d’image. Son travail aborde des préoccupations géopolitiques actuelles, dont les inégalités entre les sexes, les conflits civils et la mémoire collective. Il est également profondément ancré dans l’histoire, la philosophie et la mythologie.
Un environnement immersif et multisensoriel
Cette première exposition individuelle de Nalini Malani au Canada est composée d’œuvres récentes de grand format, parmi les plus importantes que l’artiste ait produites durant les dernières années :
L’installation Can You Hear Me? [M’entends-tu?] (2018-2020), une salle d’animation à 9 canaux comprenant 88 animations image par image dessinées à la main sur iPad, qui plonge le public dans ce que Malani décrit comme un « cerveau plein d’agitation et d’idées ».
Une nouvelle reprise in situ de la série performative City of Desires [Ville de désirs] (1992 à aujourd’hui) qui, par le dessin et l’effacement de scènes et de personnages sur des murs, incarne l’éphémérité des images qui forment notre expérience du monde. Afin d’ancrer le projet dans la communauté montréalaise, Malani a choisi de collaborer avec deux artistes muralistes de la métropole, Iuliana Irimia et Cassandra Dickie, pour la réalisation du dessin.
À propos de l’artiste
Reconnue comme la pionnière de l’art vidéo en Inde, Nalini Malani (née en 1946) évolue dans le champ de l’art multimédia depuis les années 1960. Sa pratique intègre l’animation, les arts scéniques, la photographie, la peinture, la performance, le cinéma et la vidéo. Lauréate du prix Joan-Miró 2019, elle a notamment présenté son travail dans 30 expositions muséales individuelles à l’international. Les plus récentes se sont tenues au Centre Pompidou (Paris), à la Whitechapel Gallery (Londres), au M+ (Hong Kong), à l’Art Gallery of South Australia (Adélaïde) et à la National Gallery (Londres).
Ils en parlent
Une exposition forte, nécessaire et universelle.
Éric Clément
Nalini Malani (née en 1946), Ballade d'une femme, 2023, vidéo projetée sur la façade du pavillon Michal et Renata Hornstein du MBAM, animation image par image à canal unique, dessinée à la main sur iPad, sans son, 4 min 58 s (en boucle). © Nalini Malani. Photo MBAM, Jean-François Brière
Une œuvre dévoilée en primeur dans le cadre de la Toile numérique du MBAM
Jusqu’au 20 août 2023, c’est également une œuvre de Malani qui illumine tous les soirs la façade du pavillon Michal et Renata Hornstein, au nord de la rue Sherbrooke Ouest, de la tombée du jour jusqu’à 23 h. Inspirée de l’œuvre de la poétesse polonaise nobélisée Wisława Szymborska, Ballade d’une femme se veut une invitation tour à tour nostalgique, comique et macabre à s’interroger sur les inégalités entre les genres et à prendre conscience des injustices subies par les femmes aux quatre coins du monde.
Cette animation dessinée à la main apporte une dimension visuelle à la symbolique du poème « Ballade » de Szymborska, dans lequel une femme assassinée revient à elle et efface les traces de sa propre mort, protégeant par le fait même son assassin. Pour Malani, ce geste symbolise le fardeau indu du sacrifice de soi que portent les femmes depuis la nuit des temps.
La Toile numérique du MBAM a été rendue possible grâce au soutien financier du Fonds de maintien des actifs stratégiques en tourisme (FMAST) de Tourisme Montréal, avec la participation financière du gouvernement du Québec.
Crédits et commissariat
Une exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal. Le commissariat est assuré par Mary-Dailey Desmarais, conservatrice en chef du MBAM.