L’année 2020 marque le 75e anniversaire de la libération du camp de concentration et d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. À cette occasion, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) souhaite rendre hommage aux victimes et aux survivants de la Shoah par la présentation de l’exposition Yehouda Chaki : Mi Makir. À la recherche des disparus, de l’artiste juif montréalais Yehouda Chaki.
Chaki n’a jamais connu ses grands-parents, ses tantes, ses oncles, ni ses cousins : tous ont été exécutés à Auschwitz. Né à Athènes en 1938, il survit à la Shoah avec ses parents et son jeune frère en se faisant passer pour Grec orthodoxe et en allant vivre à la campagne dans une famille chrétienne. En 1945, ils immigrent tous les quatre en Israël. C’est là que Chaki vit le traumatisme quotidien des Mi Makir (« Qui connaît… »), messages de la radio nationale permettant aux gens de solliciter des renseignements sur une personne en particulier ou sur leurs proches manquant à l’appel.
L’exposition Mi Makir réunit 117 dessins de visages représentant les membres de la famille de l’artiste qui ont été effacés de son existence, mais aussi les millions de disparus. Incarnant chacune un prisonnier anonyme des camps nazis, les œuvres portent au coin supérieur gauche un numéro correspondant à une personne réelle exterminée. Ces portraits témoignent de tous les supplices, de la terreur, de l’agonie et du désespoir des victimes.
Une sculpture composée de livres jonchant le sol rappelle par ailleurs les autodafés d’ouvrages d’auteurs juifs, libéraux ou de gauche déclarés non-Allemands par des groupes d’étudiants nazis. Elle évoque également les vitres fracassées et les ruines des maisons et des commerces juifs vandalisés, sans oublier les synagogues incendiées par des foules hostiles aux quatre coins de l’Allemagne pendant la Kristallnacht, survenue le 9 novembre 1938.
Yehouda Chaki (né en 1938), Express Train from Salonika to Auschwitz, 1969, huile sur toile. Collection de la Galerie Leonard et Bina Ellen, Université Concordia. Inv. 969.29. Photo : Richard-Max Tremblay .
À propos de l’artiste
Né à Athènes en 1938, Yehouda Chaki a vécu à Tel-Aviv de 1945 à 1960, puis a émigré à Montréal en 1962, où il vit et travaille encore à ce jour. Il a fait ses études à Tel-Aviv et à l’École des beaux-arts de Paris. De 1967 à 1989, Chaki a dirigé le département de peinture et de dessin du Centre des arts Saidye Bronfman. Ses œuvres ont été collectionnées et exposées à Montréal comme à l’étranger. L’artiste est connu pour son vibrant corpus expressionniste de paysages, de personnages et de natures mortes. Parallèlement à ces joyeuses représentations, toutefois, existe aussi un ensemble plus sombre, expression de son angoisse et vestige de son chagrin.
Crédits et commissariat
Une exposition organisée par le Musée des beaux-arts de Montréal. Le commissariat est assuré par Iris Amizlev, conservatrice des arts interculturels, MBAM.
La présentation de Yehouda Chaki : Mi Makir. À la recherche des disparus a été rendue possible grâce à la famille Bensadoun, grande mécène de l’exposition, en collaboration avec la Fondation communautaire juive de Montréal et la Fondation Azrieli.
Le Musée remercie également Roslyn Margles et la famille Jonathan et Susan Wener, ainsi que les ambassadeurs de l’exposition : la Fondation de la famille Claudine et Stephen Bronfman, la Fondation de la famille Saryl et Stephen Gross, Riva et Thomas O. Hecht, Sari Hornstein, Amy Weinberg et Norbert Hornstein, Joel A. et Rhoda Pinsky, Julia et Stephen F. Reitman, Irwin et Sara Tauben, ainsi que Viscofan Canada.
Le Musée reconnaît l’apport essentiel de son commanditaire officiel, Peinture Denalt. Le Musée remercie le ministère de la Culture et des Communications du Québec pour son appui, de même que le Conseil des arts de Montréal et le Conseil des arts du Canada pour leur soutien constant.