Pavillon Jean-Noël Desmarais
Inauguré le 21 novembre 1991 et unanimement salué par la critique, ce pavillon abrite entre autres la salle qui accueille les grandes expositions.
Les fonds légués par John W. Tempest en 1892, et Horsley et Annie Townsend en 1955, se sont révélés déterminants, tout comme la générosité de l’Association des bénévoles du Musée qui a permis au fil du temps de bâtir l’ambitieuse collection hébergée dans le pavillon Jean-Noël Desmarais.
Histoire
En octobre 1986, Paul Desmarais sr, Bernard et Louise Lamarre ainsi que quelques amis, dont Pierre Elliott Trudeau et le sénateur Leo Kolber, voyagent à bord du train transsibérien, depuis Moscou jusqu’à l’océan Pacifique. Chaque soir, dans la voiture-restaurant où ils dînent, Bernard Lamarre tente de convaincre son ami Paul Desmarais de l’aider à lancer le projet d’expansion du Musée des beaux-arts de Montréal.
Bernard Lamarre dispose d’un vaste éventail d’arguments qu’il déploie jusqu’au dernier pour convaincre Paul Desmarais de participer au projet du Musée. Desmarais adore les grands projets, surtout lorsqu’il s’agit d’architecture. Au cours de leur première soirée à bord du Transsibérien, Bernard Lamarre raconte à Paul Desmarais l’histoire du Musée et lui parle de son projet d’agrandissement qui en ferait une institution au rayonnement international. Il lui confie avoir acquis des immeubles rue Sherbrooke en plus de sept résidences de la rue Crescent. Il lui explique également avoir sollicité avec succès les gouvernements.
Six niveaux à découvrir
Un projet étroitement surveillé
L’agrandissement se met en branle et fait immédiatement l’objet d’une très vive polémique qui engage les forces vives d’Héritage Montréal, le maire Jean Doré, l’architecte Phyllis Lambert et une foule d’autres intervenants. Tout est matière à discussion, de l’emplacement à l’architecte en passant par le concept.
Maquettes de Moshe Safdie pour le pavillon Jean-Noël Desmarais. Le premier projet, sans le New Sherbrooke.
En 1987, l’architecte canadien Moshe Safdie prévoit démolir le New Sherbrooke, construit en 1905, pour permettre la construction d’un édifice majestueux directement en face de l’Art Gallery de 1912. Mais ce projet soulève une vive opposition. On prétend qu’un édifice aussi imposant portera ombrage aux bâtiments voisins au point de les effacer.
Il apparaît bientôt impossible d’accorder le volume prévu au bâtiment. En s’inspirant de l’ancien édifice, Safdie reprend tout de même l’idée d’un haut portique marquant l’entrée du Musée et qui donne accès à une cour intérieure surmontée d’une verrière. Le nouveau bâtiment est moderne, aéré, accueillant et respectueux de son environnement tout en faisant écho aux bâtiments voisins.
Pour Paul Desmarais et l’ensemble du conseil d’administration, il semble évident, voire nécessaire, qu’un accès souterrain relie le nouveau bâtiment aux anciens. Pour financer ce nouveau passage sous la rue Sherbrooke, Bernard Lamarre reprend son bâton de pèlerin et obtient huit millions de dollars du gouvernement canadien et autant du gouvernement québécois.
Étapes de la construction du pavillon Jean-Noël Desmarais, depuis la conservation des deux façades du New Sherbrooke jusqu’à l’achèvement des travaux, 1990-1991, photos couleurs. Archives, MBAM.
Étapes de la construction du pavillon Jean-Noël Desmarais, depuis la conservation des deux façades du New Sherbrooke jusqu’à l’achèvement des travaux, 1990-1991, photos couleurs. Archives, MBAM.
Moshe Safdie
Né en 1938, Moshe Safdie est devenu au fil du temps un architecte canadien de renom. À l’âge de 26 ans, fraîchement diplômé de l’Université McGill, il conçoit Habitat 67, un assemblage extraordinaire de cubes en béton qui propose un concept novateur en matière d’architecture résidentielle. Depuis 1978, il dirige le programme de design urbain de l’Université Harvard. Il possède des bureaux à Boston, Montréal,
Toronto et Jérusalem.
Le nouvel édifice du Musée des beaux-arts de Montréal est inauguré le 21 novembre 1991 et est aussitôt couvert d’éloges par une critique unanime. Certaines réserves sont par contre émises quant à la rampe en pente douce du grand hall. Son inclinaison serait trop faible selon certains, ses marches trop basses et trop profondes pour s’accorder aux pas du visiteur. « C’est voulu, aurait dit l’architecte. Pour que le visiteur ait conscience, justement, qu’il entre dans un lieu où la déambulation ne se fait plus au rythme de la rue. »
On considère que le pavillon Jean-Noël Desmarais a grandement contribué à faire évoluer l’image du Musée, devenu plus accessible, plus invitant. La façade transparente, malgré son caractère aussi monumental que le portique néoclassique des frères Maxwell, est en effet beaucoup plus accueillante. Elle traduit en même temps une conception radicalement différente et beaucoup plus moderne que ce qu’on attend généralement d’une institution muséale.