Le début de la chasse au lion d’A. R. Penck est un superbe exemple de ses Weltbilder (images du monde), dans lesquelles il tente une réconciliation utopique de la politique d’opposition entre l’Est et l’Ouest, sphères d’intérêt qu’il assimile respectivement au désert et à la jungle. Son processus d’inspiration est complexe : tout, de la peinture rupestre aux graffiti, de la cybernétique à la théorie systémique, génère des formes et du sens dans ses œuvres. Penck est un opposant farouche à la guerre froide. Son vrai nom est Ralf Winkler, mais il a emprunté son pseudonyme au géologue et glaciologue Albrecht Penck (1858-1945) afin de se réinventer sous la politique de restriction de la République démocratique allemande. À partir de 1962, Penck est sous interdiction d’exposer en RDA; en 1980, il émigre à Cologne. Achevé deux ans après son déménagement à l’Ouest, cette toile illustre sa tentative d’élaborer un langage pictural simplifié, une sorte d’esperanto plastique.