Autrefois offerts en cadeaux par l’empereur inca, les keros sont encore utilisés lors de rituels. Symboles de réciprocité sociale, ils sont toujours fabriqués en paires car, dans les Andes, on ne doit jamais boire seul. Alors que les keros de la période inca sont ornés de motifs géométriques, ceux de l’époque coloniale sont décorés de scènes figuratives. Ils reprennent certains codes de la peinture européenne, mais les images choisies et leur utilisation participent à célébrer le passé inca. Dans le registre inférieur, des guerriers incas (représentant l’ordre) affrontent des guerriers antis (peuple amazonien représentant le désordre). Dans le registre supérieur arrière, une coya (reine) offre des fleurs à un inca (empereur). Entre adaptation et résistance, les keros de l’époque coloniale sont le support privilégié de l’expression indigène de la préservation de la mémoire et de l’identité inca chez les Quechua.