Au début du XIXe siècle, le renouvellement du décor intérieur de l’ancienne église Notre-Dame de Montréal, sous la responsabilité des Sulpiciens, est confié, pour la sculpture, à l’atelier des Écores. En 1809, l’atelier reçoit la commande d’une imposante Vierge en bois, que l’on veut d’abord « conforme à la petite statue d’argent » de l’Immaculée Conception (1712-1717) appartenant à la fabrique de la paroisse. Malgré une certaine parenté dans la position des bras croisés sur la poitrine, la tête découverte et le regard direct de la Vierge des Écores s’écartent de l’iconographie de la statuette. Le mot « argent » a d’ailleurs été biffé sur le devis, ce qui laisse supposer un autre modèle demeuré inconnu. À l’origine peinte en blanc pour imiter le marbre, la Vierge Marie est installée dans une niche au-dessus de l’autel. Au Bas-Canada, la coutume était d’y placer un tableau, mais à l’église Saint-Sulpice de Paris une Vierge à l’Enfant de marbre (1754), due à Jean-Baptiste Pigalle, occupe une niche depuis 1778. Ainsi l’héritage de l’Ancien Régime continue-t-il de s’affirmer à l’église Notre-Dame de Montréal. La polychromie ultérieure reflète l’évolution du décor de l’église.