En 1958, alors une veuve dans la cinquantaine, Jessie Oonark, ses jeunes enfants et ses six enfants d’âge adulte et leurs familles sont sauvés de la famine et évacués à Baker Lake. Peu de temps après son arrivée dans la communauté, elle se met à dessiner. En voyant les dessins réalisés par des écoliers, elle se dit qu’elle peut faire mieux et demande à un professeur de lui fournir du papier et des crayons. Elle est la première graphiste inuite de Baker Lake. Oonark s’impose comme la plus grande artiste de la communauté, reconnue pour ses dessins, estampes et tapisseries. Ses huit enfants sont eux aussi des artistes tenus en haute estime.
Bien qu’elle ne soit pas particulièrement douée pour la couture, l’intérêt d’Oonark pour les motifs textiles et son sens inné du design se traduisent par certaines des images les plus emblématiques de la femme dans l’art inuit. Reproduite en couverture du premier catalogue d’estampes de Baker Lake paru en 1970, Femme témoigne de l’impressionnante vision artistique d’Oonark. S’inspirant des parkas traditionnels, sans toutefois les imiter servilement, les dessins et textiles de l’artiste, tantôt d’une simplicité désarmante, tantôt d’une grande complexité, expriment son amour des motifs décoratifs et symboliques, son utilisation audacieuse de la ligne et de la couleur, et son don pour les compositions hors du commun.