Fervent catholique qui mène une vie solitaire, Georges Rouault crée une œuvre singulière empreinte d’un expressionnisme mystique. Toute sa carrière, mais particulièrement dans les années 1930, il s’intéresse aux personnages de cirque, qu’il représente souvent dans les coulisses. Voyant un vieux clown, il écrit un jour : « J’ai vu clairement que le “Pitre” c’était moi, c’était nous […] presque nous tous […]. Cet habit riche et pailleté, c’est la vie qui nous le donne. » Ce tableau se démarque par son sujet, car le spectacle des artistes de cirque sur scène est rarement traité par Rouault. Sur la piste, une écuyère et d’autres acrobates font leur numéro; un athlète, les mains sur les hanches, domine le centre de la composition. Les coins supérieurs de la toile montrent des plans inclinés évoquant le chapiteau, comme si nous étions des spectateurs dans les gradins. Caractéristiques de son style, les formes et les couleurs cernées d’un trait noir et épais rappellent le vitrail, art que Rouault connaît pour avoir été apprenti.