« Peintre de la réalité », Linard fut un des grands peintres de natures mortes du dix-septième siècle français. Ses œuvres allient la minutie du détail à des compositions poétiques d’une simplicité qui distingue les natures mortes françaises de cette période des œuvres flamandes et hollandaises plus riches et plus élaborées. Ce tableau est une variante d'une des seules compositions de coquillages de Linard. L’attrait des coquillages, exotiques et très coûteux, tenait en partie à leur statut de mirabilia, ces objets rares recherchés par les amateurs pour leurs collections de curiosités. Les natures mortes étaient aussi très appréciées pour leurs connotations morales et intellectuelles. Le corail, par exemple, était censé chasser le « mauvais œil ». Sa forme, en raison d’une ressemblance avec les vaisseaux sanguins, évoquait le sang de la Rédemption répandu par le Christ. Ici, le corail possède une signification spirituelle : il rappelle la protection du Christ contre les fléaux du monde, tandis que les coquillages aux intérieurs nacrés suggèrent le luxe et la sensualité.