L’histoire de l’athlète grec Milon de Crotone est une allégorie de l’orgueil et de la vanité. Devenu vieux, Milon veut encore éprouver sa force en tentant de fendre un tronc d’arbre entrouvert. Sa main se coince et, ne pouvant se dégager, il meurt dévoré par des bêtes sauvages. À la suite du célèbre Milon de Crotone du sculpteur Puget (Paris, Musée du Louvre), le peintre décide de substituer un lion aux loups décrits dans les sources littéraires. Ce faisant, il donne un pendant à son tableau sur l’histoire d’Androclès, épargné par le lion qu’il avait soigné. Ces deux grands tableaux ont disparu; il ne reste que cette œuvre préparatoire, néanmoins très aboutie. Exemplaire du néoclassicisme, cette peinture tend en même temps vers un nouveau sentiment pittoresque et préromantique. La chevelure blanche de Milon se détache avec force sur les cieux tourmentés; la terribilità de son expression, bouche hurlante, muscles tendus, corps écartelé, évoque d’autres suppliciés de la mythologie comme Laocoon.