Bien que son iconographie soit traditionnelle, cette icône reflète l’influence de l’art profane intervenue vers la fin du seizième siècle. Ainsi, dans son évocation de l’épisode de Jéphonias, qui eut les mains tranchées pour avoir tenté de perturber un cortège funèbre, l’artiste a-t-il représenté l’armure de l’ange avec un certain maniérisme. Les couleurs sombres et les teintes saturées trahissent la formation nordique de l’artiste, alors que la physionomie et la tristesse tranquille des visages s’inspirent de la tradition moscovite. Un tel mélange de styles et de courants se rencontre à Moscou pendant la seconde moitié du seizième siècle. Le panneau sur lequel est peint l’icône est préparé au levkas. Ce mot vient du grec « leukos » qui signifie blanc, soit ici l'enduit blanc du fond de l'icône composé de blanc de Meudon, de Troyes ou d'Espagne mélangé à de la colle et sur lequel les couleurs offrent une meilleure transparence.