Jessica Diamond s’est fait connaître dans les années 1980 par ses peintures murales à texte. Héritière de la tradition d’un muralisme militant, l’artiste donnait à lire, parfois sous forme de calligrammes, des fragments de texte à forte connotation critique, les plus souvent des commentaires incisifs ou des aveux sur le désordre économique mondial. Inspirée par un manuel de météorologie taoïste du dix-neuvième siècle comparant l’orage à l’orgasme, Diamond cherche avec les œuvres de la série « Éros (Pluie) », dont Mots de pluie fait partie, à donner une forme visible au surgissement de l’émotion amoureuse. Peints dans des couleurs d’une rare intensité de surface, les motifs corrégiens du nuage, de la pluie, de l’orage s'y trouvent parfois conjugués à des mots brefs ou à des signes graphiques. Mots de pluie représente une pluie de traits s’effilochant en fragments de mots et de lettres inintelligibles. Le fond est d’un bleu uni ultramarin évoquant un ciel ou une eau sombre. Les traits de pluie sont de la couleur du graphite, se donnant à voir comme de longs traits de crayon, rappelant à la fois le dessin et l’écriture. Métaphorique par la riche association de la pluie et des mots, de la nature et de l’être humain, Mots de pluie suggère parallèlement, en mêlant peinture, dessin et écriture, une fusion d’un autre ordre : celui des signes.