Les bijin, ou belles femmes, comptent parmi less nombreux sujets de l’art japonais, notamment les peintures et estampes ukiyo-e. Le peintre Hishikawa Moronobu (?-1694) ajoute le sujet au répertoire des estampes au milieu du dix-septième siècle. Au début de l’époque Edo, les œuvres représentaient surtout des courtisanes du quartier des plaisirs, mais avec le temps les artistes ont pris des femmes « ordinaires » comme modèles. Les estampes de Kitagawa Utamaro (1756-1806) étaient particulièrement prisées pour la volupté élégante des bijin qu’elles représentaient. Ce triptyque réunit des pêcheuses traditionnelles des régions côtières, qui plongeaient à demi-nues dans la mer à la recherche d’ormeaux. Source intarissable de fascination pour les Occidentaux, ces images envahissent l’Europe durant la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Destinées au grand public, elles répondent à la demande générale de représentations de nus féminins et de belles femmes. Loin du sujet ethnographique, ces pêcheuses s’imposent dans l’imaginaire collectif comme des courtisanes de la mer, leurs corps sensuels livrés au regard masculin au Japon et ailleurs.