Reconnu pour son œuvre symboliste, Ferdinand Hodler fut aussi un grand peintre d’histoire. En 1896, un immense palais des beaux-arts est construit à Genève pour abriter deux gigantesques rétrospectives d’art suisse. Pour décorer les pylônes extérieurs du bâtiment, on fait peindre des figures monumentales de Suisses et de Suissesses. Hodler reçoit la commande de 13 hallebardiers, 7 guerriers, 5 artisans et un pâtre. Contre toute attente, le comité organisateur refuse 8 peintures et exige de retoucher 7 autres. Hodler prend la parole contre les officiels, défendant la cause de la jeune peinture. Ces figures marquent un tournant par leur approche esthétique synthétique et même simplificatrice. Le tableau s’érige telle une enseigne pour devenir un véritable emblème de la fierté nationale helvétique. Par leur costume et leurs attributs remontant aux origines de la nation, ces fiers hallebardiers reflètent l’essor de la peinture d’histoire au tournant du siècle, avivé par le renouveau des sentiments nationaux en Europe.