La peinture de marines connaît un regain d’intérêt quand la marine marchande française est remise à flot. Une anglomanie balaie le milieu artistique auquel n’échappe pas Eugène Isabey, qui voyage à plusieurs reprises en Angleterre. Il découvre les océans déchainés ou les plages tranquilles signés J.M.W. Turner et John Constable présentés à la Royal Academy of Arts de Londres. Caractéristique de sa manière plus tardive, ce tableau représente une tempête devant Saint-Malo, dont Isabey étudia l’architecture pittoresque. Connue pour ses remparts fortifiés, la citadelle bretonne l’est tout autant pour ses marées parmi les plus importantes d’Europe, leur puissance dévastatrice déferlant sur les brise-lames typiques faits de troncs d’arbre hérissés, ici bien visibles. Le sentiment romantique d’une humanité minuscule, tirant des embarcations à sec pour les sauver des forces colossales d’une nature titanesque, est rendu par une touche sabrée et de violents empâtements où fusionnent le ciel de plomb, les constructions de granit et la mer d’anthracite.