Lorsque Fortin peint Montréal dans l’un de ses aspects modernes – le caractère industriel et commercial de son port ou l’urbanisation et l’industrialisation de l’est de la ville –, il adopte un point de vue qui le place généralement en retrait de cette modernité. Dans ses vues du quartier Hochelaga, il s’installe plutôt du côté des terres non encore envahies par le développement urbain, comme ici où le premier plan montre des champs labourés, quelques vieilles maisons et des paysans.
Ce paysage, bien que le fond en soit gris, répond à la description de la « manière noire » donnée par l’artiste : « La méthode sur fond noir est une technique qui fait ressortir les valeurs à cent pour cent. Vous placez votre vert sombre là-dessus, alors il devient un peu plus sombre. C’est plus beau. C’est surtout beau cette technique-là pour les temps couverts, mieux que les temps de soleil. Les premiers plans sur le noir, je place des grandes masses, des terres d’ombre. Je ne touche pas au ciel. Le ciel, c’est fait à la fin de tout. »