Vincenzo Vela, d’origine suisse, est aujourd’hui considéré par les historiens de l’art comme l’un des plus grands sculpteurs italiens. Auprès d’Antonio Canova et de ses émules, il s’exerce au néoclassicisme pour ensuite développer le « verismo », une approche psychologique teintée de réalisme qui caractérise l’école de sculpture italienne. Cette réduction en bronze d’après l’original représente bien le « verismo ». Affaibli par la maladie, le visage amaigri du prisonnier de Sainte-Hélène trahit le regret et l’amertume des échecs passés. Son poing serré montre sur la carte le lieu même de la fatale campagne de Russie. Vela est suffisamment distancié de son sujet pour proposer une vision réaliste de l’empereur déchu, à mi-chemin entre le refus de l’idéalisation et la retenue tout en finesse. Le marbre fait sensation à l’Exposition universelle de Paris en 1867, en cette période de guerre franco-prussienne où règne la nostalgie du Premier Empire. Napoléon III l’achète aussitôt.