Œuvre emblématique d’Hiroshige, la série « Les Cinquante-trois étapes du Tōkaidō » illustre des scènes des relais le long de la route du Tōkaidō (littéralement « la route de la mer de l’Est »), qui s’étend sur plus de 500 kilomètres, reliant la capitale shogunale, Edo, à l’ancienne capitale impériale, Kyoto. Les cinquante-trois étapes consistent en des relais de chevaux et de porteurs de même qu’une gamme d’auberges, de restaurants et de maisons de geisha destinés aux voyageurs qui, par beau temps, parcourt la distance à pied en deux semaines. Parmi ses voyageurs figurent les seigneurs (daimyō) qui sont tenus de passer une année sur deux à la cour shogunale et dont les déplacements s’accompagnent d’imposantes processions.
Principal axe routier de la période Edo, le Tōkaidō inspire de nombreux écrivains et peintres, qui immortalisent ses magnifiques paysages dans des guides de voyages, des romans humoristiques et des vues célèbres (meishō-e). Hiroshige est probablement influencé par les écrits à la mode sur le Tōkaidō lorsqu’il entreprend sa série « Les Cinquante-trois étapes du Tōkaidō » vers 1833-1834, dont la publication lui vaut un succès immédiat. Bien qu’il produira une quarantaine d’albums d’estampes de paysages sur le même sujet, la première série, également connue sous le nom « Hoeidō Tōkaidō » (d’après son éditeur), est incontestablement la plus accomplie. Apportant un soin méticuleux aux variations atmosphériques de l’aube au crépuscule, à la pluie, à la neige ou au soleil, Hiroshige produit un recueil de souvenirs, qui propose au spectateur un voyage imaginaire le long de la célèbre route tout en transposant magistralement le lyrisme de la nature japonaise.