Napoléon, en tant que Premier consul puis empereur, s’attache à rétablir des liens entre le pouvoir et l’Église catholique, à laquelle appartient la grande majorité de la population. Un Concordat est signé en 1801 avec le Saint-Siège. Cet apaisement des relations entre l’État et l’Église relance la prospérité de l’orfèvrerie religieuse qui trouve un digne représentant en la personne de Cahier. Il obtient le titre de fournisseur breveté du grand aumônier de la Maison de l’Empereur, pourvoyant aux besoins des chapelles des différents palais du régime.
Ce calice se compose d’une coupe en vermeil posée dans une fausse coupe en argent, le tout soutenu par un pied lui aussi en argent. Le décor se concentre surtout sur ces deux parties et reprend les symboles eucharistiques des épis de blé – pour le pain, corps du Christ – et de la vigne – son sang. L’inscription sur sa base est particulièrement intéressante. À l’origine, elle se lisait « chapelle impériale », mais le qualificatif a été martelé afin de le supprimer. Cette intervention date sans doute des débuts de la Restauration, lorsque Louis XVIII reprend le trône après la chute de l’Empire. Déterminée à effacer dans ses moindres détails les traces du régime renversé, la nouvelle monarchie, qui réinvestit les palais français et doit utiliser les mêmes objets, se révèle particulièrement stricte dans sa politique de damnatio memoriae à l’endroit de Napoléon.