Monkman, de descendance crie, invente avec ce grand tableau le sujet manquant d’une série de scènes de chasse exotiques commandées par le roi Louis XV pour le château de Versailles. Le castor, symbole de l’économie naissante du Canada – sujet oublié du Roi – prend ici le relais des crocodiles, autruches, tigres et autres éléphants. Le choix de sa représentation anthropomorphe s’inspire des chroniqueurs de l’époque, ce qui permet à Monkman un subtil jeu de rôles. La grande peinture européenne de rapts et de massacres, de même que certains tableaux historiques des débuts de la colonie, tel La France apportant la foi aux Hurons de la Nouvelle-France, servent aussi de trame libre à la composition. Toutefois, grâce à l’ouverture d’esprit de l’artiste, il n’y a pas de condamnation absolue du contexte, mais plutôt un éveil ludique aux enjeux. Ainsi, à l’arrière-plan, la figure romantique du Pêcheur à la nigogue du sculpteur Louis-Philippe Hébert (de la collection du Musée) se prête-t-elle, elle aussi, au massacre !