Les saints martyrs canadiens s’inscrit dans une série intitulée « Le pavillon du Québec » (2000-2003), dans laquelle la peintre et poétesse québécoise Cynthia G. Renard (Cynthia Girard) revisite l’histoire du Québec ainsi que ses mythes fondateurs. L’artiste y pose un regard critique sur la formation de l’identité nationale québécoise, qui a longtemps dépendu du pouvoir religieux. Iel reprend ainsi, sous forme de satires afin de souligner leur incohérence, divers récits transmis de génération en génération. En effet, en illustrant dans cette œuvre les différentes tortures subies par les missionnaires canadiens aux mains des Autochtones, Renard cherche à dénoncer la version de l’histoire propagée par le colonisateur, où le bourreau est présenté comme une victime. Sur un fond monochrome qui rend hommage à la tradition de la peinture plasticienne québécoise, l’artiste superpose ces scènes aux airs de bandes dessinées, dont l’apparence faussement naïve sert à rappeler que ces récits ont été, pendant longtemps, enseignés aux enfants.