Cette audacieuse composition est parfois aussi appelée Hostie. L’écrivain Jules Renard confie : « Cette petite chose, grande comme la main, qui s’appelle L’Éternelle Idole : un homme, les bras derrière le dos, vaincu, embrasse une femme au-dessous des seins, lui colle ses lèvres sur la peau, et la femme a l’air tout triste. C’est difficilement que je me détache de ça. »
Orgueilleusement redressée et curieusement indifférente, la femme pose les yeux sur l’homme incliné devant elle. Ses bras qu’il croise dans le dos sont-ils un signe d’asservissement ou de profond respect? Les contemporains de l’artiste y voyaient l’image habilement composée de la divine faiblesse de l’homme devant l’objet de son désir. La femme semble ressentir à la fois bienveillance et dédain. Le sujet est peut-être le reflet des sentiments de Rodin pour Camille Claudel, leur liaison atteignant alors son point culminant.
Fasciné par le sujet, le marchand montréalais Max Stern de la Galerie Dominion commandera en quatre fontes posthumes au Musée Rodin de Paris, entre 1960 et 1963. Conformément au droit moral du sculpteur, les épreuves autorisées sont limitées à douze exemplaires. Ce modèle porte le numéro 7.