Quand Jaïre, l’un des chefs de synagogue, prie Jésus de sauver sa fille, il répond : « Pourquoi ce tumulte et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte, mais elle dort ». Il ajoute : « Talitha cumi » (mal orthographié sur le cadre original), qui signifie « Fillette, je te le dis, lève-toi ». Dans l’alcôve étouffante, le miracle se produit : les paupières de la morte remuent, ses joues rosissent, tandis que la pâleur cadavérique de son corps et le détail macabre de la mouche posée sur son bras rappellent l’outre-tombe. Gabriel Max, peintre et professeur réputé, formé dans les académies de Prague et de Vienne, renvoie à Rembrandt et au Caravage. Mêlant subtilement symbolisme et réalisme, l’œuvre conjugue le double penchant de l’artiste pour l’occultisme et le spiritisme, ainsi que pour les sciences de l’histoire naturelle. Présenté à l’Exposition universelle de Paris en 1878, ce tableau est perçu comme une tentative de renouveler la grande peinture religieuse, alors déclinante.