Le bison est un motif récurent dans l’œuvre d’Adrian Stimson, membre de la Nation des Siksika. Il l’utilise comme symbole de la destruction du mode de vie autochtone. « En pensant aux troupeaux qui habitaient jadis les Plaines, dont le nombre est estimé à 75 millions, je déplore le massacre des grands troupeaux par les colons européens à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et les conséquences de leur quasi extinction sur mon peuple et toutes les tribus des Plaines qui en dépendaient, non seulement pour se nourrir et se mettre à l’abri, mais pour […] leur présence spirituelle dans notre vie quotidienne. » Stimson assimile la condition actuelle des populations de bisons à celle de son peuple. Bien qu’ils aient failli disparaître, leur résilience leur a permis de résister et de demeurer en vie.
Irrémédiablement perdus rend hommage à l’histoire du bison et exprime l’importance qu’il occupe au sein des Premières Nations. Symbole de survie et de renaissance culturelle, le bison naturalisé se dresse majestueusement sur un socle rouge qui représente l’influence destructrice des colonisateurs – le gouvernement, les colons et l’Église –, appelant les dix peaux de bison qui l’entourent à reprendre vie. Celles-ci sont drapées sur des croix noires, une référence explicite à la chrétienté et à ses conséquences abominables sur l’histoire des peuples autochtones. Le chiffre dix fait allusion à une chanson pour enfants de 1868 qui faisait le décompte d’« Indiens » éliminés, sous-entendant que les vies autochtones, comme celles des bisons, n’avaient aucune valeur.