S’employant à consolider leur pouvoir politique à la fin du dix-septième siècle et au dix-huitième siècle, les dirigeants sikhs commandent des portraits les représentant à la manière moghole. C’est dans ce nouveau contexte politique que les portraits de Guru Nanak (1469-1539), maître spirituel fondateur du sikhisme, ont été retravaillés pour faire valoir ses qualités de chef. Dans ce portrait de trois-quarts à la gouache réalisé au début du dix-neuvième siècle, un jeune Guru Nanak est représenté avec un turban soigneusement noué et vêtu de blanc, l’imposant comme l’ancêtre d’une nouvelle génération d’autorités sikhes. Au dix-neuvième siècle, la capitale sikhe cosmopolite de Lahore est la ville la plus riche de l’Asie du Sud et certains des plus grands peintres dans les traditions rajputs et mogholes bénéficient de commandes. L’expression visuelle du sikhisme est transformée durant cette période, les peintres ajoutant à leur répertoire des thèmes sikhs précis. Né près de Lahore au quinzième siècle, Guru Nanak définit l’idéal du gurmukh, « une personne tournée vers le guru », qui peut être atteint en pratiquant une discipline s’articulant autour de la médiation sur le Nom divin (Nam), la pratique de la charité (dan) et la purification du corps (ishnan).