En 1930, Derain peint une série de paysages du Sud de la France, aux alentours de Sainte-Maxime. Les toiles produites lors de séjours sur la Côte d’Azur à cette époque viennent rompre avec les coloris violents associés au groupe des « fauves » dont l’artiste est un des chefs de file avec Matisse et Vlaminck. Dans la continuité des recherches entreprises par Cézanne, Gauguin et les postimpressionnistes, ces jeunes artistes exposent, au Salon d’automne de 1905 — aux côtés de Camoin, Van Dongen et Marquet — des toiles qui choquent par la violence des tons et la simplification extrême des formes. Le critique d’art Louis Vauxcelles s’indigne devant la septième salle où ces peintres sont exposés et donne sans le vouloir le nom au mouvement en s’exclamant : « Donatello chez les fauves », pour qualifier le contraste entre leurs œuvres et le buste académique d’Albert Marque présent au centre de la pièce.
Avant 1914, Derain utilise des couleurs éclatantes qui caractérisent son style, mais à compter de 1919, sa palette s’assombrit progressivement. Dans cette toile emblématique de la production amorcée dans les années 1920, Derain favorise une gamme de tons restreints pour exprimer avec harmonie les effets de lumière sur l’architecture. Avec ses tons de terre et son éclairage, cette toile — peinte avant 1936 — trahit l’influence des tableaux italiens de Corot et garde en mémoire l’œuvre de Cézanne ou de Courbet.