Ce tableau date d’une période où les toiles fauves de Kees van Dongen – dont la plupart représentent des femmes rendues avec sensualité dans des tonalités vives et des empâtements riches – connaissent à Paris (où il s’était installé en 1889) un succès commercial assez grand pour permettre à l’artiste de voyager en Espagne et au Maroc. Au cours de son séjour méditerranéen, l’ambitieux Van Dongen rehausse sa palette de teintes saturées et harmonieuses. Sa constante fidélité à la couleur comme force expressive dans ses tableaux l’éloigne – ainsi qu’Henri Matisse – des cubistes, qui prennent progressivement le haut du pavé dans le monde de l’art d’avant-garde parisien. Dans La perruche, la forte présence du motif en diagonale d’un carrelage (ou d’une nappe) et les lignes verticales et horizontales des barreaux de la cage d’oiseau, parallèles au plan pictural, sont inhabituelles, voire uniques dans l’œuvre de Van Dongen. Du grillage de la cage surgit une vive tache de couleur « fauve » alors que l’oiseau passe la tête à travers le réseau de lignes où il est enfermé, et les doux replis du tissu bleu et blanc en arrière-plan le mettent en valeur.